La Vraie Dévotion de Montfort (257 - 265)
LANGAGE D’UN
MYSTIQUE
« Voici des
pratiques intérieures bien sanctifiantes pour ceux que le Saint Esprit appelle
à une haute perfection », écrit Montfort (257). Maintes fois il a répété
que l’Esprit-Saint est à l’œuvre dès qu’on s’ouvre au Seigneur : « Il
conduit de grâce en grâce, de lumière en lumière pour arriver jusqu’à la
transformation de soi-même en Jésus Christ et à la plénitude de son âge »
(119).
Montfort n’a rien
inventé, il réfère à des témoignages de saints ;
à leur exemple se sert abondamment d’images bibliques et il fait une lecture
mystique des Ecritures, née d’une expérience vécue. Le point de départ est
clair: la Vierge Marie est ‘pleine de grâces’, l’Esprit Saint l’a ‘couverte de
son ombre’ ; voilà ce qui nous arrivera, toutes proportions gardées, si nous
sommes habités de son esprit.
Par Marie
« Il faut se mettre et se laisser entre ses mains virginales comme un instrument entre les mains d’un ouvrier, comme un luth entre les mains d’un bon joueur » (259). Comment y arriver ? Le pédagogue expérimenté réfère à la force de la répétition, à tout propos il faut redire votre affection à son égard. Alors vous serez « tout possédé et gouverné par l'esprit de Marie, qui est un esprit doux et fort, zélé et prudent, humble et courageux, pur et fécond! » (258).
Avec Marie
Il faut faire ses actions avec Marie. Elle est habitée du
Saint-Esprit et par conséquent elle est un exemple parfait. C’est pourquoi vous
pouvez la regarder comme un modèle accompli et l’imiter selon votre petite
portée. Il faudrait qu'en chaque situation vous vous posiez la question comment
elle aurait agit et Montfort réfère aux grandes vertus de Marie : sa foi
vive (depuis l’annonciation jusqu’au Golgotha), son humilité profonde (jamais
elle ne s’est ventée de sa situation privilégiée aux yeux de Dieu) ; son
ouverture à Dieu (qui n‘a jamais eu sa pareille).
L’auteur reprend le langage de Saint-Augustin : Elle
est le grand et unique moule de Dieu dans lequel l’image du Dieu invisible,
Jésus a été formé. Il conclut : celui qui a trouvé ce moule et qui s’y
perd sera bientôt changé en Jésus Christ. Il deviendra un autre christ (260).
En Marie
Ici Montfort fait une réflexion qui peut étonner, mais
elle est bien fondée : toute la personne de Marie, son corps et son âme,
est un ‘lieu’. Elle est une terre sainte où le Très Haut est venu habiter. Elle
est le vrai paradis terrestre, parce que c’est là que le Nouvel Adam y a demeuré
pendant neuf mois. Le paradis dans le livre de la Genèse n’en est qu’une image
pour annoncer ce qui se réalisera en la Vierge Marie.
L’auteur compare le sein de la Marie avec de la glaise
toute vierge dont le Seigneur s’est servi pour donner forme au Nouvel Adam.
C’est le Saint Esprit qui a donné la fécondité à cette glaise et qui a nourri
le fruit. Montfort compose un florilège, un recueil de pièces choisies, puisé
partout dans la bible pour décrire le jardin extraordinaire et fertile qu’est
Marie. « C'est en ce paradis terrestre où est véritablement l'arbre de vie
qui a porté Jésus-Christ, le fruit de vie… » (261).
Pour exprimer la grâce dont la Vierge a été inondée, à
plusieurs reprises notre auteur se sert de l’expression la ‘divine’ Marie, en
opposition aux pécheurs que nous sommes. Elle est un ‘lieu’ particulier que
Dieu s’est créé dans la perspective de sa mission unique. Il n’est pas évident que
les pécheurs y aient accès : ce lieu saint n’est pas gardé par un
chérubin, comme l'ancien paradis terrestre, mais par le Saint Esprit qui s'en
est rendu le maître absolu… Les misérables enfants d'Adam et d'Eve, chassés du
paradis terrestre, ne peuvent entrer dans ce paradis que par une grâce
particulière … (263).
Grâce à sa fidélité, on peut obtenir cette faveur. On y
est alors nourri comme un enfant dans le sein de sa mère, délivré de ses
troubles, craintes et scrupules et à l’abri de ses ennemis qui n’y ont jamais
eu d’entrée (264).
Pour Marie
Enfin Montfort reprend une caractéristique de la dévotion
qu’il envisage : il s’agit de l’attitude de service. Marie est la servante
par excellence du Seigneur et de son œuvre et elle a pris cet engagement sans
la moindre recherche de récompense. À deux reprises déjà notre auteur a
expliqué pour quelle raison il choisit l’expression ‘esclave’. Il s’agit de la
cause du Seigneur et le vrai bonheur de tous.
« Un bon serviteur et esclave, ne doit pas demeurer
oisif; mais, appuyé de la protection de Marie, il doit entreprendre et faire de
grandes choses pour cette auguste Souveraine. Il doit défendre ses privilèges
quand on les lui dispute; il doit soutenir sa gloire quand on l'attaque; dans
la mesure du possible il doit attirer tout le monde à son service et à cette
vraie et solide dévotion… il ne faut prétendre d'elle, pour récompense de ses
petits services, que l'honneur d'appartenir à une si aimable Princesse, et le
bonheur d'être par elle uni à Jésus, son Fils, d'un lien indissoluble dans le
temps et l'éternité. »
Il termine en soulignant une fois de plus que Dieu seul
est le propos du grand missionnaire. Avec de beaux caractères il remplit le
restant de la page :
« Gloire à Jésus en Marie!
Gloire à Marie en
Jésus!
Gloire à Dieu seul! »
(265).
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