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4 février 2013

Catéchèse à l'école de Marie (13)


La Vraie Dévotion de Montfort  (243-256)

S’associer à Dieu

Montfort nous offre quatre autres exercices pour s’associer davantage à Dieu et à son œuvre.  D’un bout à l’autre la Bible est l’histoire du Tout Autre qui entre dans la création. Cet événement a été soigneusement préparé depuis Abraham. Quant à l’agir de Dieu Montfort résume : « La conduite que les trois Personnes de la Très Sainte Trinité ont tenue dans l'Incarnation et le premier avènement de Jésus Christ, elles la gardent tous les jours, d'une manière invisible, dans la Sainte Eglise, et la garderont jusqu'à la consommation des siècles… » (22). Les exercices proposés sont à situer dans cette perspective.

Le propre de cette dévotion

À ceux qui veulent s’associer à Dieu Montfort donne ce conseil : « Ils auront une singulière dévotion pour le grand mystère de l'Incarnation du Verbe, le 25 de mars, qui est le propre mystère de cette dévotion… » (243). Mettant d’abord le focus sur Jésus incarné, Montfort exprime son étonnement : comment a-t-Il osé dépendre de Marie à ce point-là. En effet, dans cette situation Il s’est fait captif, Il n’avait plus de liberté d’action, il était esclave. Cette audace et cette dépendance totale nous sert d’exemple: nous ne devons pas hésiter à dépendre de la Vierge Marie !

Puis Montfort regarde la personne de Marie et se met à raisonner. Si le Fils de Dieu a osé se rendre dépendant de Marie à ce point-là, cette jeune femme devait avoir des qualités exceptionnelles. Il n’y a pas de doute, avec soin Dieu a dû préparer un cœur humain noble qui ne Le trahirait jamais. Pour décrire cette œuvre, Montfort parle d’un acte créateur sublime : « Enfin le temps marqué pour la rédemption des hommes étant arrivé la Sagesse éternelle ( = Dieu Créateur) se fit elle-même une maison, une demeure digne d'Elle. Elle créa et forma la divine Marie, dans le sein de sainte Anne, avec plus de plaisir qu'elle n'avait pris en créant l'univers… » (Amour de la Sagesse Eternelle 105). Avec aisance on peut dire que Marie est une femme hors pair.

Malgré les critiques, Montfort n’hésite pas à choisir des termes provocateurs, il veut faire réfléchir les gens. Ici il fait preuve de prudence : « Remarquez, s'il vous plait, que je dis ordinairement: l'esclave de Jésus en Marie, l'esclavage de Jésus en Marie. On peut, à la vérité, comme plusieurs ont fait jusqu'ici, dire l'esclave de Marie, l'esclavage de la Sainte Vierge; mais je crois qu'il vaut mieux qu'on se dise l'esclave de Jésus en Marie… » (244). La dévotion qu’il propose est une imitation de Jésus Christ qui, sans la moindre retenue, s’est livrée à la bienveillance maternelle de Marie.

L’Ave Maria

Comme cinquième exercice il propose la pratique de l’Ave Maria et du rosaire. Avec bien d’autres qui l’ont précédé, pour indiquer le fruit de cette petite prière, il se sert d’un vocabulaire biblique. Le cœur humain est comparé à une terre sèche, incapable de produire un Dieu. Seule une fécondité venant de l’extérieur peut changer cette situation, or c’est ce qui est arrivé à la Vierge Marie. La prière de l’Ave nous introduit dans la sphère du Dieu agissant : « C'est cette prière qui a fait porter à la terre sèche et stérile le fruit de vie, et c'est cette même prière, bien dite, qui fait germer en nos âmes la parole de Dieu et porter le fruit de vie, Jésus Christ. L'Ave Maria est une rosée céleste qui arrose la terre, c'est-à-dire l'âme pour la faire porter son fruit en son temps… » (249).

Dans la deuxième partie de l’Ave on fait humblement appel à Marie pour qu’elle nous aide à nous mettre fidèlement au service du Seigneur, tout comme elle.

Quant au rosaire, dans La Vraie Dévotion Montfort ne fait que citer la prière, ailleurs il donne des orientations pour la rendre fructueuse, il a même consacré un petit livre à ce sujet : Le Secret admirable du très saint Rosaire. À son tour Jean-Paul II a actualisé cette prière. Accompagné de Marie, il propose de parcourir vingt étapes de la vie de Jésus, de Le contempler et L’écouter, puis de méditer l’événement dans son cœur.

Par l'amour que je vous porte

Le missionnaire expérimenté : « Je vous prie donc instamment, par l'amour que je vous porte en Jésus et en Marie, de ne pas vous contenter de réciter la petite couronne de la Sainte Vierge, mais encore votre chapelet, et même, si vous en avez le temps, votre rosaire, tous les jours, et vous bénirez, à l'heure de votre mort, le jour et l'heure que vous m'avez cru… » (254).

Rien d’étonnant qu’à l’occasion de l’Année de la Foi, Rome a suggéré la pratique journalière du rosaire. S’il vous est impossible de méditer les vingt mystères, prenez-en chaque jour quelques-uns. Le rosaire est une bonne école de la foi, une école avec Marie comme maîtresse.

Le Magnificat

Comme sixième pratique, Montfort conseille la prière du Magnificat, né dans le cœur de Marie. L’évangéliste termine l’épisode de l’annonce sèchement : « Et l’ange la quitta. » Après le ‘oui’ généreux, Luc ne note aucune réaction de la part de l’ange. Marie était seule. Mais le récit continue: « Elle partit en hâte pour se rendre dans le haut pays, dans une ville de Juda. » Ici deux éléments me frappent, d’abord l’expression ‘en hâte’ qui réfère à des émotions dans son cœur, puis la donnée géographique ‘le haut pays, dans une ville de Juda’. Comme je passe souvent dans la région avec les pèlerins, ces deux éléments m’inspirent.

La cousine de Marie habitait la région de Jérusalem. Il est secondaire de savoir si c’était bien à l’endroit précis indiqué à Ein Karem, pour moi ce qui attire l’attention c’est la distance de Nazareth à cette région en Judée: au moins sept jours de marche et de préférence pas seule, mais jointe à une caravane. A-t-elle parlé avec les autres voyageurs, a-t-elle raconté ce qu’elle venait de vivre à Nazareth ? J’en doute. Qui est-ce qui l’aurait cru?

Quand elle entend la salutation de sa cousine son cœur ‘explose’. Voilà l’explication de son empressement et de ce qui s’est passé dans son esprit tout au long du voyage. Sans cesse des bouts de psaumes et des scènes de la Bible ont retentit dans son cœur, elle les a médité, elle les a relié les uns aux autres. C’est ainsi que le Magnificat est né. Marie loue le Dieu agissant à travers l’histoire et confesse sa foi : avec l’événement vécu à Nazareth s’est réalisé l’accomplissement de la promesse faite à Abraham et à sa descendance pour toujours. Dieu est fidèle, Il accomplit ce qu’Il a promis et – très important – cela grâce à son ‘oui’ généreux. Le Magnificat est une forte confession de foi.

Cette foi de Marie sera donnée à ceux et celles qui se confient à elle. Le Magnificat est le cantique des croyants. « L'âme de la Sainte Vierge se communiquera à vous pour glorifier le Seigneur; son esprit entrera en la place du vôtre pour se réjouir en Dieu, son salutaire, pourvu que vous vous rendiez fidèles aux pratiques de cette dévotion… Que l'âme de Marie soit en chacun pour y glorifier le Seigneur; que l'esprit de Marie soit en chacun, pour s'y réjouir en Dieu » (217).

Se connaître soi-même

Ici Montfort consacre à peine une phrase à la dernière pratique qu’il conseille à ceux qui veulent s’associer au Seigneur, précédemment il l’a développé longuement (cf. 78-82 et 87-88). Tirés du contexte, aujourd’hui comme il y a 300 ans, plusieurs s’indigneraient en lisant ces quelques mots: « Les fidèles serviteurs de Marie doivent beaucoup mépriser, haïr et fuir le monde corrompu, et se servir des pratiques de mépris du monde que nous avons données dans la première partie ce cet écrit » (256). Il s’agit du choix fondamental auquel Jésus réfère quand il dit qu’on ne peut servir deux maîtres. Une bonne dose de connaissance de soi-même est une sagesse précieuse, pensons par exemple à la parabole du pharisien et du publicain.

Ainsi notre auteur termine la série des pratiques extérieures ‘qu’il ne faut pas omettre par négligence ou par mépris’, ajoute-t-il. La vraie foi demande de la pratique.
Frans Fabry

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