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1 septembre 2012

Catéchèse à l'école de Marie (10)

Commentaire sur La Vraie Dévotion de Montfort (213 - 225)

Marie et le chemin de la foi

ND de la Sagesse
De différentes façons on peut devenir ‘serviteur’ et ‘servante’ du Seigneur, or, nous dit Montfort, ‘par les mains de Marie’ est la façon la plus directe : « Qui veut avancer dans la voie de la perfection et trouver sûrement et parfaitement Jésus Christ, qu'il embrasse avec grand cœur, qu'il entre dans le chemin excellent qui lui était inconnu et que je lui montre » (168).
Il ne s’agit point d’une voie latérale dans l’univers de dévotion, mais de la voie principale : à savoir, la fidélité à notre baptême. Cette consécration ne vise rien d’autre que ce que nous faisons à chaque veillée pascale : renouveler nos promesses baptismales. Qu’est ce qu’il y a de particulier ? Voilà : la Vierge Marie viendra nous rejoindre et nous aider.

Marie qui agit

Celui qui introduit Marie dans sa vie de foi, subira un vrai processus de transformation. Il entre dans ‘le monde de Dieu’ et devient de plus en plus ‘christ’ de Dieu, son délégué parmi ses frères les hommes. Voilà ce dont nous avons besoin aujourd’hui.
Montfort cite sept ‘effets merveilleux’ que la consécration qu’il propose, produit en ceux qui y sont fidèles. Il ne s’agit pas d’étapes que l’on parcourt l’une après l’autre, mais d’une description de ce que la Vierge Marie opère. Le chiffre sept pourrait suggérer la perfection.

1. Une connaissance de nous-mêmes

Marie nous aide à découvrir qui nous sommes aux yeux de Dieu. Montfort écrit au 18e siècle, or sur les entrefaites l’homme n’a pas beaucoup changé. En effet, aujourd’hui encore nous sommes tentés de nous faire des illusions sur notre vie spirituelle et notre religion, car notre époque est investie de religions illusoires et nous prenons si facilement nos rêves pour la réalité. Qui sommes-nous dans le grand agir de Dieu ? En nous baptisant, quel est son projet sur nous? Nous avons une place dans le grand projet de Dieu, voilà le message biblique.
Marie nous aide à découvrir l’agir de Dieu et nous fait part de sa profonde humilité. Elle nous aidera à nous situer correctement par rapport à notre environnement, à ceux et celles qui nous entourent, et surtout à Dieu lui-même (213).

2. Elle nous partage à sa foi

Poitiers
Elle nous fait part de sa foi, nous dit Montfort qui se sert de superlatifs étonnants : sa foi est plus grande que celle des patriarches, prophètes, apôtres et saints réunis. En réalité il y a de ces données qu’on ne peut jamais comparer. Par exemple, la détresse d’une maman perdant son enfant est immesurable, et on ne peut la comparer avec celle d’un partenaire trompé. La joie intense d’un enfant est incomparable avec celle du gagneur du grand lot.
De même on ne peut mesurer la foi de Marie, de plus la Vierge Marie est un ‘cas’ hors pair. Pensons à Paul qui, pour indiquer le tournant décisif dans l’histoire, dit : « Quand furent accomplis les temps, Dieu envoya son fils, né de la femme." La qualité d’accueil de la part de Marie, sa foi et sa fidélité étaient telles qu’elle dépasse les grandes figures aussi bien de l’Ancien que celles du Nouveau Testament. Marie vous fait part de sa foi, nous dit Montfort.
Puis, il décrit la foi de Marie qui naîtra en nous : « …une foi pure, qui fera que vous ne vous soucierez guère du sensible et de l'extraordinaire; une foi vive et animée par la charité … une foi ferme et inébranlable comme un rocher…  une foi agissante et perçante… une foi courageuse, qui vous fera entreprendre et venir à bout de grandes choses pour Dieu et le salut des âmes. Une foi qui sera votre flambeau enflammé, votre … arme toute-puissante dont vous vous servirez pour éclairer ceux qui sont dans les ténèbres et l'ombre de la mort, pour embraser ceux qui sont tièdes et qui ont besoin de l'or embrasé de la charité, pour donner vie à ceux qui sont morts par le péché, pour toucher et renverser, par vos paroles douces et puissantes, les cœurs de marbre et les cèdres du Liban, et enfin pour résister au diable et à tous les ennemis du salut » (214).

Avez-vous remarqué que Montfort dit explicitement que Marie nous ‘fait part de sa foi’ ? Je répète ce que j’ai dit précédemment : on ne peut pas construire sa foi. Elle est suscitée par un vis-à-vis qui la provoque. Il arrive qu’on entend dire : " Je n’ai plus la foi " ou " je ne crois plus ", avec l’accent sur le ‘je’. Comme si c’est moi qui étais la seule personne active dans le domaine de la foi. C’est comme l’amour que l’on reçoit et que l’on donne. Sans cette interaction, l’amour n’est pas complet. De même pour la foi, on la reçoit et on la donne. Marie nous fait part de sa foi.
Monsieur Blain, ami intime de Montfort et devenu chanoine à la cathédrale de Rouen, note dans ses Mémoires que c’est grâce à la Vierge Marie que Montfort a pu progresser à pas de géant sur le chemin de la foi.

3. Elle dilate notre cœur

Montbernage
Marie neutralisera la peur et bannit la crainte servile dont nous sommes souvent victimes. Elle nous libère du scrupule et du respect humain. Elle fait naître " … le pur amour dont elle a le trésor. Vous ne vous conduisez plus ‘par crainte de Dieu de charité’ ", dit Montfort. La loi et les commandements ne sont plus expérimentés comme une contrainte à la liberté, mais comme un chemin qui libère (215).

4. Elle nous inspire une confiance solide

Marie inspire une confiance sans limites en les promesses de Dieu. Non pas une confiance téméraire ou arrogante, car ce n’est pas une confiance en nous-mêmes et en nos propres forces, mais uniquement en Dieu qui est fidèle et en la Vierge Marie, qui montrera qu’elle est une vraie maman. Elle se dévouera en notre faveur, ou comme notre auteur l’a déjà dit, Marie se consacrera à nous (215).

Les temps modernes ont fait croire que nous n’avons pas besoin d’un Dieu pour créer un monde plus humain. Or, en relisant l’histoire ancienne et récente, nous devons conclure jusqu’à quel point nous sommes incapables de nous sauver nous-mêmes et le monde avec nous, et comment le monde souffre d’un manque d’espérance. En dépit de ce qui arrive, nous gardons confiance en la Parole de Dieu : Il est fidèle.

5. Elle communique ses propres attitudes

ND de la Route
Marie nous revêt de sa propre sainteté. Montfort se sert d’une expression très forte : nous deviendrons des ‘copies vivantes’ de Marie.  C’est pourquoi « le Saint Esprit, trouvant sa chère épouse comme reproduite dans les âmes, y surviendra abondamment et les remplira de ses dons, particulièrement du don de la sagesse pour opérer des merveilles de grâce. »  (217).

6. Elle enfante en notre âme son Fils

Lorsque Marie nous confie son état d’âme, le miracle de l’Annonciation peut se refaire aussi en nous. L’Esprit Saint nous prendra sous son ombre et ce qui naîtra de nous est de Dieu... nous serons capables d’accomplir des ‘œuvres divines’. « Si Marie, qui est l'arbre de vie, est bien cultivée en votre âme par la fidélité aux pratiques de cette dévotion, elle portera son fruit en son temps; et ce fruit n'est autre que Jésus Christ » (218).

Montfort cite saint Augustin qui appelle Marie ‘le moule de Dieu’, ‘le moule propre à former et mouler des dieux’. Il compare l’œuvre d’un sculpteur avec le résultat de celui qui s’est servi d’un moule impeccable pour reproduire Dieu et il pose la question rhétorique : quelle œuvre ressemblera le plus à Dieu tel qu’il est ? La réponse est simple, mais il y a une condition: « O la belle et véritable comparaison! Mais qui la comprendra? Je désire que ce soit vous, mon cher frère. Mais souvenez-vous qu'on ne jette en moule que ce qui est fondu et liquide: c'est-à-dire qu'il faut détruire et fondre en vous le vieil Adam, pour devenir le nouveau en Marie » (221).

7. Elle fait avancer plus vite

Celui qui choisit de passer par Marie pour aller à Jésus, avancera plus vite que celui qui chemine tout seul. « Par cette pratique, bien fidèlement observée, vous donnerez à Jésus Christ plus de gloire en un moins de temps que par aucune autre, quoique plus difficile et en plusieurs années ». Il s’agit d’une transformation de nous-mêmes, d’une nouvelle naissance à laquelle Jésus référait pour entrer dans le monde de Dieu. « Voici ta mère » disait Jésus au disciple présent au pied de la croix.
Notons qu’il n’y a rien de magique à la formule de consécration que Montfort propose. Il s’agit d’un cheminement assidu et des attitudes à acquérir : « cette pratique bien fidèlement observée », nous dit-il (222).

Pour pratiquer cette dévotion, Montfort offrira par la suite une pédagogie concrète.

Frans Fabry

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