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30 septembre 2012

Catéchèse à l'école de Marie (11)



La mise en pratique

Ecriture du Père de Montfort
De sa lecture biblique le père de Montfort retient surtout que Dieu est actif moyennant la collaboration de l’homme. Parmi ses collaborateurs la Vierge Marie se distingue nettement grâce aux merveilles que le Seigneur a opérées en elle : son incarnation. Ce mystère se prolonge jusqu’à nos jours. La grâce du baptême ouvre cette voie, mais rares sont ceux qui en sont conscients. C’est une erreur assez généralisée de penser que l’on est chrétien parce que baptisé. En réalité la grâce du baptême offre tout ce qui est nécessaire pour devenir chrétien, pour devenir un point d’appui pour Dieu dans ce monde et lui offrir des mains et des pieds pour rejoindre beaucoup d’autres. Le chrétien offre à Dieu une demeure, il s’agit du mystère de l’incarnation qui continue, et la Vierge Marie y joue un rôle. C’est pourquoi, nous dit le père de Montfort, il nous faut lui offrir la possibilité d’accomplir la mission qu’elle a reçue.
Après avoir indiqué le bien fondé de la dévotion qu’il propose, notre auteur entame sa mise en pratique. Il commence une nouvelle page et avec de grands et beaux caractères il marque : « Pratiques particulières de cette dévotion ».

‘Avancer’
Rappelons-nous le numéro 119: « Comme l'essentiel de cette dévotion consiste dans l'intérieur qu'elle doit former, elle ne sera pas également comprise de tout le monde: quelques-uns s'arrêteront à ce qu'elle a d'extérieur, et ne passeront pas outre, et ce sera le plus grand nombre; quelques-uns, en petit nombre, entreront dans son intérieur, mais ils n'y monteront qu'un degré. Qui est-ce qui montera au second? Qui parviendra jusqu'au troisième? Enfin, qui est celui qui y sera par état? Celui-là seul, à qui l'Esprit de Jésus Christ révélera ce secret, et y conduira lui-même l'âme bien fidèle pour avancer de vertus en vertus, de grâce en grâce, et de lumières en lumières pour arriver jusqu'à la transformation de soi-même en Jésus Christ, et à la plénitude de son âge sur la terre et de sa gloire dans le ciel. » Comme dit précédemment, chaque élément de ce passage mérite une attention particulière, ici j’attire l’attention sur la dynamique de sa composition. Il s’agit d’un processus qui conduit à l’âge adulte chrétien, avancer pas-à-pas à la transformation en Jésus Christ.

L'intérieur qui doit être formé

Qu’entend l’auteur par "l'intérieur qui doit être formé ? " Dans son Secret de Marie nous trouvons une réponse brève qui fait comprendre que Montfort vise très haut et qui suppose un cheminement qui prend du temps, voire toute une vie: « Ame, image vivante de Dieu et rachetée du Sang précieux de Jésus Christ, la volonté de Dieu sur vous est que vous deveniez sainte comme lui dans cette vie, et glorieuse comme lui dans l'autre. L'acquisition de la sainteté de Dieu est votre vocation assurée… O ouvrage admirable ! … il n'y a que Dieu qui, par une grâce, et une grâce abondante et extraordinaire, puisse en venir à bout… » (SM 3). Voilà ce que l’on apprend à l’école de Marie. Les exercices que Montfort va proposer nous conduisent à cette école.

Un tournant

Comme Abraham, comme Moïse... comme Marie, le baptisé est supposé d’oser donner une réponse à la proposition du Seigneur, supposé de se mettre en mouvement et devenir coopérant, même sans savoir où cela le conduira.Tout au long de sa vie, le père de Montfort a été en contact avec des pères jésuites et il est très probable qu’il ait connu le chemin spirituel de saint Ignace, un chemin qui conduit à l’union au Christ. Nous ignorons s’il a suivi les exercices de saint Ignace, mais nous constatons qu’il se sert d’un schéma semblable, c’est-à-dire opter pour un temps continu qui conduit à un contrat avec le Seigneur (renouvellement officiel de son alliance avec Dieu). Pour que cette alliance soit davantage solide et efficace, avec assurance Montfort conseille de faire appel à l’aide de la Vierge Marie. Il demande de réserver au moins douze jours, pour se situer par rapport à la Bible, la Parole de Dieu qui invite à devenir acteur dans son agir en cours, suivis de trois semaines de prière assidue (227). Parmi ceux qui ont entamé le cheminement que Montfort propose, plusieurs parlent d’un tournant dans leur vie. La façon dont le père de Montfort encadre le jour de la consécration montre bien, qu’à ses yeux aussi, il s’agit d’une démarche très engageante.

Les douze jours

La Bible
Pour les douze jours Montfort suggère de se vider de l'esprit du monde et de se remplir de celui de Jésus Christ par la Vierge Marie (227). Sans cesse le lecteur de la Bible constate que les pensées du Seigneur ne sont pas celles des hommes. Dans la première partie de son écrit, de multiples façons, Montfort a attiré l’attention du lecteur sur l’agir de Dieu et sa façon d’y intégrer l’humain, particulièrement la Vierge Marie. Découvrir cet agir de Dieu demande du temps et de l’accoutumance. Voici un témoignage de Jean-Paul II référant à La Vraie Dévotion : « C’est un de ces livres qu’il ne suffit pas d’avoir lu… Je revenais sans cesse et tour à tour sur certains passages… J’ai compris que Marie nous conduit au Christ. » Précisément cette rencontre donne une nouvelle dimension à la vie humaine.

Les trois semaines

Notre auteur suggère pour la première semaine de demander la grâce de la connaissance de soi-même. À cause du langage imagé – il nous compare à des escargots, limaçons, crapauds, cochons, serpents et boucs – plusieurs classent Montfort parmi les négativistes qui dénigrent tout ce qui est humain. Or, avec ironie, il veut secouer le lecteur. Les expressions plastiques renvoient aux numéros 78-82 où il met en contraste notre pauvreté par rapport à l’homme parfait Jésus Christ, notre modèle assuré. C’est dans la prière qu’on peut acquérir une parfaite humilité : « Ils prieront Notre-Seigneur et son Saint-Esprit de les éclairer, par ces paroles : " Seigneur, fais que je voie ", ou " Que je me connaisse ", ou " Viens, Esprit Saint " et " diront tous les jours les litanies du Saint-Esprit… Ils auront recours à la Très Sainte Vierge, et lui demanderont cette grande grâce qui doit être le fondement des autres, et pour cela ils diront tous les jours l'Ave Maris Stella et ses litanies » (228). Le climat de prière est indispensable durant tout le circuit des 30 jours.
« Pendant la seconde semaine, ils s'appliqueront dans toutes leurs oraisons et œuvres de chaque journée, à connaître la Très Sainte Vierge. Ils demanderont cette connaissance au Saint-Esprit. Ils pourront lire et méditer ce que nous en avons dit (cf. 16-36 et 83-89). Ils réciteront, comme la première semaine, les litanies du Saint-Esprit et l'Ave Maris Stella, et, de plus, un rosaire tous les jours, ou du moins un chapelet, à cette intention » (229).
« Ils emploieront la troisième semaine à connaître Jésus Christ. Ils pourront lire et méditer ce que nous en avons dit (cf. 61-77), et dire l'oraison de saint Augustin (cf. 67). Ils pourront, avec le même saint, dire et répéter cent et cent fois par jour: " Seigneur, que je te connaisse ! " ou bien : " Seigneur, que je voie qui tu es’! Ils réciteront, comme aux semaines précédentes, les litanies du Saint-Esprit et l'Ave Maris Stella, et ajouteront tous les jours les litanies du Saint Nom de Jésus » (230).

En tant que pédagogue

Le père de Montfort
Notons qu’il ne s’agit pas de formules magiques, les suggestions de Montfort ont pour but de vous aider à entrer dans ‘le monde de Dieu’, comme cela est arrivé à la Vierge Marie quand, par l’opération du Saint Esprit, Dieu s’est fait homme (cf. n° 6). Finalement, en tant que bon pédagogue, Montfort devient très concret: signez et datez le texte de votre consécration et faites un geste particulier. Il parle d’un ‘tribut’ pour marquer votre dépendance de Jésus et de Marie. « Ce tribut sera selon la dévotion et la capacité d'un chacun: comme un jeûne, une mortification, une aumône, un cierge; quand ils ne donneraient qu'une épingle en hommage, avec un bon cœur, c'en est assez pour Jésus, qui ne regarde que la bonne volonté….Tous les ans au moins, le même jour, ils renouvelleront la même consécration, observant les mêmes pratiques pendant trois semaines. Ils pourront même, tous les mois et tous les jours, renouveler tout ce qu'ils ont fait, par ce peu de paroles: Je suis tout à vous, et tout ce que j'ai vous appartient, ô mon aimable Jésus, par Marie, votre sainte Mère » (233-234).

Frans Fabry

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